Production nationale en tension face au boom de la demande : la filière avance vers 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030

Stabilité de la production d’œufs en France en 2024

Source : ITAVI

Selon l’ITAVI, la production d’œufs en France est restée stable en 2024 par rapport à 2023 (-0,4 %), à environ 15,4 milliards d’œufs produits.

Après le redémarrage de la production en 2023 (+3,4 % vs 2022), la production n’arrive pas à s’envoler.

Elle reste inférieure d’environ -2,5 % par rapport à 2021, avant la violente crise d’influenza aviaire qui avait touché toutes les filières avicoles en France.

+20 % d’œufs coquilles importés

En 2024, les exportations d’œufs coquilles ont diminué de -10 % par rapport à 2023, tandis que les importations ont augmenté dans le même temps de +20 %.

ENQUÊTE
Une production locale attendue

Près de 9 Français sur 10 (89 %) estiment que l’origine française des œufs est un critère de choix important lorsqu’ils doivent se décider au moment de l’achat.

Source : enquête CNPO / CSA 2023

Importations : l’Ukraine 1^er pays fournisseur d’œufs de l’Union européenne

Source : Itavi d’après Taxud

Une production française d’œufs insuffisante constitue une porte ouverte aux importations, ne respectant ni les mêmes normes environnementales, sanitaires et sociales ni la même réglementation sur le bien-être animal appliquées sur les œufs en France. Si les professionnels des Œufs de France sont solidaires des Ukrainiens, ils ne peuvent cependant pas accepter la concurrence d’œufs à bas coût, très éloigné du modèle familial français et non soumis aux mêmes contraintes que leurs produits et demandent le contrôle systématique par les autorités sanitaires françaises des œufs importés à l’identique des contrôles effectués sur les œufs français.

Les œufs ukrainiens arrivent en effet massivement sur le territoire de l’Union européenne. En 2024, les volumes d’œufs coquilles en provenance d’Ukraine ont passé la barre des 50 000 tonnes, soit +60 % d’importations en 1 an.

Une hausse qui se poursuit en 2025. Sur les 11 premières semaines de l’année, de janvier à début mars, les importations d’œufs coquilles en provenance d’Ukraine sont à nouveau en hausse de plus de 60 % par rapport à la même période en 2024.

Plus de 300 millions d’euros pour 300 poulaillers : la filière s’engage pour assurer l’autonomie alimentaire du pays

Dans son Plan de filière 2030, la filière se fixe notamment pour objectif d’être autosuffisante pour répondre à la croissance de la demande du marché français (+3,9 % en 2023 vs 2022 et +4,7 % en 2024 vs 2023 en magasins^[1]). Le 1^er axe de son Plan, intitulé « Une filière engagée pour assurer la souveraineté alimentaire de la France », vise ainsi la création de 300 poulaillers d’ici 2030, représentant un investissement total de
300 millions d’euros pour suivre le rythme de la hausse de la consommation française.

Déjà des avancées pour augmenter la production française

Afin de suivre cet objectif de construction de 300 nouveaux poulaillers, le CNPO a lancé en collaboration avec l’Itavi un observatoire des nouveaux projets de construction.

A titre d’exemple, dans une organisation de production du Grand Ouest :

Des projets à différents stades d’avancement :

• Initiation de la réflexion : 25% des projets
  • Devis et accord bancaire en cours : 45%
  • Démarches administratives en cours : 20%
  • En travaux : 10%

BON À SAVOIR 
Souvent plus de 2 ans entre le projet de poulailler, les procédures administratives, la construction et la collecte des premiers œufs

Par ailleurs, il faut compter 18 semaines entre le stade poussin et la poulette qui peut commencer à pondre à partir de 22 semaines. Une poule pond de 300 à 320 œufs par an. Un cheptel de 30 000 poules pond environ 27 000 œufs par jour, équivalent à la consommation annuelle d’environ 40 000 Français.

Des mesures indispensables pour faciliter l’installation des nouveaux poulaillers

Pour faciliter l’installation de nouveaux poulaillers en France et assurer l’autonomie de la France en matière d’œufs, le CNPO appelle les autorités à simplifier et accélérer les procédures. L’interprofession en appelle à :

• Se conformer aux règles européennes sur le seuil des 60 000 poules pour les constructions nécessitant une autorisation environnementale et non 40 000 comme l’exige la surtransposition effectuée par la France.   

• Exclure l’élevage de la procédure d’autorisation environnementale issue de la loi « industrie verte » et revenir à la procédure d’enquête publique qui s’appliquait précédemment.

• Écarter l’élevage de la directive européenne sur les émissions industrielles – IED – qui prévoit de considérer les poulaillers de plus de 21 500 poules pondeuses à partir de juillet 2026 comme des sites industriels :  458 poulaillers (+65% vs la norme actuelle) devraient ainsi replonger dans de lourdes procédures administratives alors qu’ils sont en production depuis des années.

[1] Source : FranceAgrimer d’après KantarWorldpanel

Publié le 2 juin 2025 dans Actualité