Dans le comté de Buckinghamshire, à l’ouest d’Aylesbury, les archéologues ont déterré il y a peu un vestige insolite et précieux : un œuf romain vieux de près de 1700 ans, préservé dans des conditions remarquables. Cette trouvaille, réalisée sur le site de Berryfields lors d’excavations préalables à un projet immobilier, entrouvre une porte sur le passé agricole et alimentaire de l’Angleterre sous occupation romaine.
La période romaine en Grande-Bretagne, qui s’étend du 43 au 410 après J.-C., est marquée par d’intenses échanges culturels et technologiques. Les Romains, connus pour leur ingénierie avancée et leur organisation agricole, ont introduit diverses espèces cultivées et pratiques d’élevage, y compris celle des poules pondeuses. L’œuf a été découvert au sein d’une fosse inondée, ce qui semble avoir été la clé pour sa conservation. Les conditions anaérobies ont empêché la décomposition rapide, un sort que subissent généralement les matières organiques après leur enfouissement. Alors que d’autres œufs trouvés sur place ont succombé aux pressions du sol, celui-ci a survécu intact – un événement rare qui a suscité l’étonnement des experts.
Pour mieux comprendre cette découverte, un scan Micro-CT (microtomographie) a été réalisé par Dana Goodburn-Brown de DGB Conservation. L’imagerie a révélé non seulement la présence d’un liquide interne, mais aussi une bulle d’air – des indices précieux sur les conditions de conservation de l’époque. L’état de l’œuf est tellement exceptionnel qu’il a attiré l’attention des conservateurs du Natural History Museum de Londres.
Douglas Russell, conservateur senior du département des œufs et des nids au musée, accompagné de sa collègue Arianna Bernucci, a examiné l’œuf et confirmé son caractère unique. C’est le seul œuf connu d’une telle ancienneté à avoir survécu avec son contenu liquide encore scellé à l’intérieur. Cette caractéristique en fait un sujet d’étude sans précédent pour les chercheurs intéressés par la biologie ancienne et les pratiques alimentaires romaines.
L’équipe du projet Berryfields comprend des archéologues de Oxford Archaeology et des spécialistes en conservation comme Lucy Lawrence de BCAS (Bucks County Archaeological Service), qui reconnaissent tous l’importance de ce type de découverte pour la compréhension des modes de vie antiques. La monographie publiée en 2019 avait déjà révélé l’existence d’une activité humaine étendue sur le site depuis le Néolithique jusqu’à la période postmédiévale, avec un accent particulier sur l’époque romaine. Mais cette découverte spécifique ajoute une dimension tangible à ces recherches.
Aujourd’hui, la question est de savoir comment étudier cet artefact sans endommager sa structure délicate tout en extrayant un maximum d’informations. La recherche se poursuit avec la possibilité d’analyses plus poussées pour déterminer le régime alimentaire des volailles de l’époque et les méthodes de conservation employées par les Romains. De plus, cette découverte pourrait inspirer des techniques modernes de conservation pour les éleveurs d’aujourd’hui.
Les prochaines étapes concernant cet œuf incluent sa préservation à long terme et la planification de recherches futures. Ce travail minutieux ne manquera pas d’enrichir notre connaissance historique tout en apportant peut-être des réponses aux questions actuelles sur la sécurité alimentaire et la conservation.
Source (EN) : https://www.buckinghamshire.gov.uk/blogs/archaeology/berryfields-egg/